Route des châteaux(I) Penamacor, Sabugal, Pinhel
Châteaux de l’est du Portugal : un voyage de cape et d’épée dans une région de granit où les légendes courent jusqu’à l’horizon.
La vallée du Côa jouxte la frontière avec le puissant voisin espagnol. Il fut longtemps tenté d’annexer le Portugal, d’où la construction des châteaux, véritables places fortes pour empêcher l’invasion ennemie.
Il faut grimper sur les créneaux des murailles de ces châteaux médiévaux, laisser le vent murmurer l’histoire des forteresses, entendre le hennissement des chevaux, la rumeur folle de l’arrivée de l’ennemi, et imaginer la précipitation des villageois pour se mettre à l’abri.
Sabugal, Penamacor, Pinhel, Trancoso, Marialva , Almeida sont aujourd’hui des bourgades ou des petites villes bien pacifiques. Elles s’emploient à conserver leur patrimoine, et à le faire connaitre. Cette région du val du Côa est désenclavée, et il ne faut que 3 heures de route depuis Lisbonne pour voir se dresser la Tour de vigie du château de Penamacor . Ensuite, Sabugal et Pinhel sont les deux autres châteaux de notre route. Elle se compose d’histoire bien sûr, mais aussi d’haltes réconfortantes dans des paysages encore protégés, et où l’hospitalité des habitants n’est pas du tout une légende.
Lisbonne-affinités a voyagé à l’invitation de Territórios do Côa- Association de développement régional.
Penamacor
Le village est relativement modeste, c’est vrai. Ses maisons blanches aux toiles en tuiles romaines semblent se serrer au pied de la muraille qui encercle le château, dominé par sa Torre de menagem, son donjon imposant. Avant de franchir l’arc de pierre dans la muraille d’enceinte, un pilori en très bon état a gardé ses anneaux en fer à la forme de tête de dragon. Le temps de rappeler qu’ici le roi rendait justice par la main de ses vassaux.
La place forte , comme la plupart des châteaux, est construite sur un promontoire de 573 mètres qui renforce la sensation de puissance qui s’en dégage. Elle fut reprise aux Arabes par Dom Sanches Ier, mais sa configuration actuelle est le résultat de nombreux changements au cours des siècles.
L’ancienne place forte domine la plaine ondulée qui la sépare de l’Espagne. Et son rôle de défense est évident. Elle fut érgiée en 1199, et ses murailles peu à peu renforcées. Le donjon, souvent qualifié de tour de vigie, est impressionnant. Il date du début du XVIe siècle.
Penamacor fut le lieu d’une célèbre usurpation d’identité, celle du roi Sébastien, le jeune roi mort à la bataille de Alcacer Quibir en 1578. Un individu, aidé de complices, se fit passé à partir de 1584 pour le jeune roi disparu, se faisant grassement entretenir par la population trop crédule. Les autorités finiront par mettre fin à la supercherie, et les usurpateurs condamnés aux galères et à la peine de mort.
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Une halte dans la région :
A une dizaine de kilomètres de Penamacor, le Moulin de Maneio, un ensemble de petites maisons restaurées autour d’un vieux moulin à eau, sur la rivière Bazaguéda est une invitation à la détente. En pleine nature, au bord de l’eau, l’endroit a un charme fou. Restauré en maintenant le caractère rural du lieu, le Moinho do Maneio frappe par la simplicité et la chaleur de son accueil. Les propriétaires y tiennent : ici on privilégie le calme et la tranquillité.
Le moulin comprend 5 petites maisons, et une bulle à l’écart si on veut profiter des nuits étoilées.
Canoë, promenades, raki, baignades -le domaine possède une piscine- où simplement paresser, il n’y a que l’embarras du choix.
Les prix varient entre 80 et 100 euros (bulle) par nuit pour 2 personnes. Ils comprennent le petit déjeuner qui privilégie les produits locaux.
Le Moinho do Maneio est un projet familial de retour aux origines, qui comprend aussi un investissement agricole, dans la production de fruits rouges.
Sabugal
Elle n’avait que 12 ans. Et son destin est à jamais associé à l’histoire portugaise. Isabel d’Aragon, princesse espagnole et sicilienne, fut mariée au Roi Dom Dinis en 1282. Rapidement délaissée par son mari volage, Isabel se tourna vers la religion et la charité. Dès que le roi partait à la chasse, elle se rendait au village pour distribuer du pain aux pauvres et aux nécessiteux. Un jour le roi Dinis l’a surpris et lui demanda ce qu’elle dissimulait dans les pans de sa robe. « Ce sont des roses Monseigneur » répondit Dame Isabel. Effectivement, le pain s’était transformé en un bouquet de fleurs. Ainsi naquit la légende des roses, et la réputation de la Reine Sainte Isabel, qui fut ensuite réellement canonisée.
Une légende que les Portugais affectionnent particulièrement. Le château de Sabugal fut la résidence du roi Dom Dinis et de la reine Isabel.
L’imposante forteresse est très bien conservée et restaurée. Elle est dominée par un puissant donjon pentagonal, une forme étonnante pour le lieu et l’époque. Sabugal fut à ses origines sous domination espagnole. Le château défendait donc sa position contre…les Portugais. Puis le royaume de Léon en fut expulsé et Sabugal -prononcez Sa-bou-gal-, depuis surveille la ligne d’horizon vers l’Espagne.
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À proximité du château, ne manquez pas le musée consacré à la mémoire judaïque. Toute la région des Beira fut lieu de refuge pour les juifs expulsés d’Espagne. Ils y restèrent bien après l’édit portugais qui les expulsât à son tour. Le musée montre un petit documentaire qui raconte cete histoire,et au passage tord le cou à quelques pseudos vérités notamment archéologiques.
http://www.redejudiariasportugal.com/index.php/pt/cidades/sabugal
Délicieux Sabugal ! Une icône de notre voyage de cape et d’épée.
Restaurant
Dans la région, la halte gastronomique qui s’impose est celle du restaurant Casa da Esquila ( Maison de l’écureuil).
Il faut se rendre au hameau de Casteleiro, pour dénicher le restaurant de Rui Pedro Cerveira. Le détour vaut vraiment ces quelques kilomètres supplémentaires depuis Sabugal. Le chef Rui pedro y prépare des mets savoureux, inspirés de l’histoire de sa région. Comme par exemple la contrebande, si fréquente autrefois avec l’Espagne, dont la frontière est proche. Ainsi on peut déguster un « carabinier », gendarme qui par le passé surveillait les contrebandiers, et qui est aussi le nom d’une grosse crevette. Ou encore une cuisine inspirée des sorcières si puissantes dans la région…
Menu gourmet, menu traditionnel, suggestions du jour… le chef Pedro propose différents choix. C’est l’occasion de déguster des plats typiques de la région, la morue confite, le steak épais servi avec des « migas » (miettes) aux champignons (nous eûmes la chance de croiser des cèpes !) ou de la panse de cochon de lait.
Au quotidien, les repas de midi offrent des formules plus simples. Et les prix sont doux, doux, doux. L’accueil et le service tout autant.
Notre coup de cœur pour les belles noisettes de l’écureuil.
Pinhel
La dernière étape de notre première partie de périple sur la route des châteaux nous amène à Pinhel. Prononcez « Pignel ». Là encore, un château fort âprement disputé à la cour de Léon. Un traité, Alcanizes, attribua définitivement Pinhel aux Portugais. Il fait partie de cette chaîne de places fortes qui font face à la frontière Espagnole. Le château qui a la particularité de conserver le village médiéval à l’intérieur des remparts domine la ville plus récente, située à 200 mètres au dessus du niveau de la mer, alors que la forteresse est à 600 mètres. Parcourir les ruelles qui grimpent jusqu’à la citadelle constitue un vrai retour vers le passé. C’est à peine si on n’y entend pas le cliquetis des armes, ou les sabots des chevaux sur les rues pavées. D’ailleurs c’est encore possible, lors de la fête médiévale de trois jours qui se déroule chaque année au début du mois de juin. Les habitants endossent le rôle de princes et princesses, de chevaliers et de fauconniers, d’hommes d’armes ou du clergé.
Très appréciée, la foire médiévale est l’une des plus importantes des différents châteaux de la région. Elle se termine par un banquet « d’époque » qui réunit toute la ville qui suit en cortège l’Alcaide, c’est à dire le maire. Un esprit moyennâgeux qui ne dure que le temps de la reconstitution de la vie dans les châteaux.
Réservez longtemps à l’avance.
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Restaurant
Une bonne adresse à Pinhel : le restaurant Entre Portas. Très bien situé dans le centre de la ville, le restaurant offre une cuisine de ménage revisitée fusion, bien dans l’air du temps. Un menu peut aussi bien présenter en entrée des bruschettas au chèvre que des joues de porc accompagnées d’écrasée de fèves. (bochechas de porco com migas de favas), l’un comme l’autre, succulents.
L’occasion aussi de déguster quelques vins régionaux , ceux de la vallée du Côa et de la région Beira
L’Entre Portas est aussi un bel exemple d’architecture intérieure, qui a su conserver le granit et le bois de l’édifice original, en donnant une touche de modernité à cet espace possédant un bar au rez-de chaussée, le restaurant étant à l’étage. L’ensemble sobre et fonctionnel dégage une atmosphère apaisante.
Notre coup de cœur à Pinhel
https://pt-pt.facebook.com/Entre-Portas-961121903971474/
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Ne quittez pas Pinhel sans un détour par le musée municipal. Doté d’une muséologie bien pensée, l’espace permet de connaitre le riche passé de la place forte que fut Pinhel. De l’époque romaine en passant par les guerres napoléoniennes, un voyage bien expliqué, plaisant, sans surcharge. Une mise en scène efficace. A noter l’espace dédié aux gravures rupestres de la vallée du Côa, du lieu dit Cidadelhe. Le témoignage de la présence des humains dès la préhistoire. Plus de 1000 gravures ont été répertoriées le long du Côa (sur 30 km) et du Douro (sur 15 km).
contactos:
Tel.: 271 410 000 | 962 253 601
museu@cm-pinhel.pt
www.cm-pinhel.pt
Pinhel est l’une des portes d’entrée du parc de la Vallée du Côa. Ne manquez pas de vous rendre au musée, non loin de la petite ville de Vila Nova de Foz Côa. C’est au musée que l’on s’inscrit pour participer à une visite des pierres gravées, absolument fascinantes. Là encore s’organiser à l’avance, le nombre de visites pour admirer les gravures est limité.
Toutes les informations concernant le musée et les visites thématiques sont disponibles aussi en anglais. Pinhel est à 50 km de Vila Nova de Foz côa.