Des œillets rouges dans  Lisbonne et le Portugal, au moment du 25 avril, c’est une tradition. Ce jour là on commémore la révolution de 1974, qui a fini para faire basculer le Portugal dans la démocratie.

Si vos pas vous mènent  près de l’avenue de la Liberté (Avenida da Liberdade), n’hésitez pas à suivre le défilé. Il est populaire, encore très prisé, et c’est l’occasion de se faire applaudir. En effet, les badauds, les personnes âgées et ceux qui préfèrent voir passer le défilé, l’œillet à la boutonnière, tapent dans les mains pour montrer leur soutien.

C’est aussi l’occasion de suivre pacifiquement un char : pour rappeler que ce sont les militaires qui ont mené le coup d’état du 25 avril 1974, le défilé est précédé d’un engin prêté pour l’occasion.

Il est recouvert d’œillets rouges, pour bien montrer dans quel camp il se range et les militaires avec lui.

L’Avenue de la Liberté (Avenida da Liberdade) presque 3 km de long change d’atmosphère le 25 avril. La large avenue souvent comparée aux Champs-Elysées parisiens, prend un air tout à la fois festif et revendicatif.

Les chants « révolutionnaires », dans la réalité les magnifiques poèmes de Zeca Afonso, auteur de Grandôla, la chanson qui a donné le coup d’envoi de la révolution de 1974, sont repris en boucle.

Les vendeurs d’œillets circulent pour satisfaire la demande. C’est un peu le brin de muguet du premier Mai en France. Il y a quelques années, des vendeurs indiens étaient entrés dans la danse. Ils avaient fait rire les portugais : leurs œillets étaient de toutes les couleurs. Difficile à vendre ! L’année suivante, les fleurs étaient totues redevenues rouges.

Mais d’où vient la tradition ? Beaucoup d’histoires ont circulé sur l’origine exacte de la distribution des œillets le 25 avril 1974. Plusieurs femmes ont revendiqué ce rôle si important quand on pense au symbole que cette fleur est devenue. Aujourd’hui tout le monde est d’accord pour accorder à  Céleste Caeiro le mérite de l’initiative.

Elle tenait à l’époque le vestiaire d’un restaurant qui fêtait son premier anniversaire. Le patron avait prévu d’offrir des fleurs aux dames et de servir un porto aux messieurs.

Céleste fut alors chargée d’aller distribuer les fleurs. En chemin elle croisât  les militaires et la révolution en marche…Et à un soldat qui lui demandait une cigarette qu’elle n’avait pas, elle offrit un œillet qu’il mit alors au bout de son fusil.

Depuis la révolution porte le nom de cette fleur. Et on offre ou on s’offre les œillets rouges en signe de fidélité à la démocratie.

Dans Lisbonne, on peut découvrir des lieux liés à cette histoire récente.

  • Place du Carmo, ou se trouve la caserne militaire où le chef du gouvernement de l’époque Marcello Caetano fut renversé (Chiado).
  • Le musée de la résistance, située dans la prison de l’Aljube (quartier de la Sé) où furent emprisonnés et torturés les opposants au régime dictatorial.
  • Le monument au 25 avril. Une sculpture étrange et controversée, que l’on doit à l’artiste contemporain João Cutileiro. Elle se trouve en haut du Parc Eduard VII (quartier Marquês Pombal)
  • Une simple plaque indique aujourd’hui l’emplacement de l’ancien siège de la PIDE la police politique de Salazar. On peut y lire le nom des 4 personnes tuées par cette police le 25 avril 1974. Rua Antóonio Maria Cardoso, no 18-26 (Chiado)

[masterslider id= »25″]

récupérateur à verre street art

Le recyclage du verre  et l’art de la rue font bon ménage. La preuve par le Vidrão, le récupérateur de verre, installé dans les rues de Lisbonne. Tout rond et assez opulent, le récupérateur à verre est d’habitude d’un vert plastique banal. Et malgré son surnom de « igloo » , il n’est pas parmi les plus beaux meubles urbains connus.

Alors l’idée ingénieuse de transformer  ces sympathiques rondouillards en oeuvre d’art leur a donné une seconde vie, tout en développant le sens du recyclage. Sous l’impulsion de la GAU- Galerie d’Art Urbain de la mairie de Lisbonne, une plateforme destinée à mettre en valeur l’art de la rue (créée en 2008)

Un concours répété avec régularité permet aux artistes de proposer leurs visions du « vidrão », le récupérateur á verre. Retenue, la bonne idée est concrétisée, et les igloos à verre customisés.

Ils jalonnent les rues de Lisbonne et la proche banlieue, et on peut s’amuser à les collectionner en les photographiant.

Très appréciés des habitants, les recycleurs à verre  version street art sont respectés. Mais ils finissent par s’abîmer, après tout ils sont des objets usuels. Régulièrement, ils font l’objet de nouveaux habillages, et reprennent vie.  Sur les 400 récupérateurs à verre de la capitale, la quasi-totalité sont désormais peints.

Thématique ou non, la décoration est un must : tendre, amoureux,  poétique, provoquant ou allégorique chacun y va de son thème. En 2013, à l’occasion de la Saint Valentin, la GAU avait imposé pour la première fois un thème : les passionnés de Lisbonne. Ils ont bien résistés au temps.

La GAU organise des événements basés sur le street art et accompagne l’évolution des tendances de l’art de la rue, tout en préservant les oeuvres de qualité.

 

On aime

La bonne idée de la customisation des récupérateurs à verre. La mise sur orbite de l’art de la rue dans la capitale.

On aime moins

La  suspension de l’édition biannuelle du magazine de la GAU, exclusivement consacré à l’art de la rue, l’art dans la rue : murs dédiés, événements, invités, initiatives diverses.

https://www.facebook.com/galeriadearteurbana

[masterslider id= »18″]

 

 

un poumon vert à Lisbonne

Le jardin du Costume (Traje) porte également  le nom un peu énigmatique de Parc de Monteiro-Mor. Il s’agissait du garde-chasse royal, qui y avait sa résidence au début du XVIIIe siècle. Un peu plus tard, la propriété passera aux mains du Marquis de Angeja, successeur du Marquis de Pombal, le reconstructeur de Lisbonne après le tremblement de terre de 1755.

Mais plus que d’histoire, c’est de botanique qu’il est question. Car ce jardin du Traje ou du Monteiro-Mor comme on voudra, est dès le départ, un véritable joyau de l’acclimatation des espèces « exotiques ».

Et c’est le botaniste Domenico Vandelli, un italien, qui sera l’âme du parc. Il s’agit donc bien d’un jardin à l’Italienne, très en vogue au XVIIIe siècle, avec ses escaliers, ses niches, et ses « lacs ».

Un peu plus tard , ce sont des jardiniers Suisses, Rosenfelder, le bien nommé, puis Jacob Weiss qui sont chargés du jardin. Eux sont sous l’influence du jardin des Plantes… Et Weiss saura  merveilleusement  acclimater l’araucaria, qui vient du Chili.

Ah ! L’araucaria ! C’est un conifère…..et il est assez courant à Lisbonne où sa grande taille dresse de jolies flèches dans les jardins privés- hortas- les  patios ou les parcs. Celui du jardin du Traje est le premier de son espèce- (A.heterophylla). On doit le nom de cet arbre au port majestueux à une tribu de la côte chilienne, les Araucanes, décimés par les premiers « découvreurs » européens, qui les craignaient.

Leur nom survit au travers de l’espèce. Ce n’est bien sûr pas la seule qui peuple le joli jardin du Monteiro-Mor.

Le parc s’étale sur 11 hectares…le jardin proprement dit, un bois, et des terres cultivées composent le domaine traditionnel portugais.

Un poumon vert délicieux, à Lumiar, en petite banlieue de Lisbonne, accessible en métro (Station Lumiar. Ligne Jaune)

L’occasion de visiter le musée du Costume (Traje) et le musée du Théâtre  et de la Danse qui jouxtent le parc.

parc Monteiro-mor et musée du Traje

Le double 9 sert de salle de petit déjeuner à l'Hôte et se transforme en bar à cocktails le soir.ouvert jusqu'à 2h30

musée traje

Le Musée du Traje. Une très belle collection de costumes. Se visite séparément du jardin, mais un billet global permet de passer du temps dans le parc et le musée. C’est gratuit le premeir dimanche du mois.

le são Luiz théâre très bien rénové.

Le Théâtre São Luiz, au Chiado, a une programmation très actuelle. Du jazz, de la pop, des festivals de danse, de récital et de flamenco…une diversité qui va très bien à ce bel édifice, complètement rénové en 2000.

On le doit à ce que les Portugais appelle les « voyages de retour », appliqués aux descendants de Portugais installés au Brésil lorsque la cour y parti en exil, et qui sont revenus dans leur pays d’origine. Ils cherchaient à investir des fortunes colossales amassées outre atlantique. Ce fut le cas de Guilherme de Silveira, acteur et impresario, créateur du Théâtre.

Construit à la fin du XIX siècle, le théâtre est dit « à la française » : les plans en ont été confiés à l’architecte Ernest- Louis Reynaud. Il portât le nom de la reine Dona Amelia, avant de s’appeler Republica.

La visite guidée des coulisses du théâtre permet d’apprendre que le magnifique lustre de la salle de spectacle restaurée en l’état….date de 2002 ! la salle à l’origine était éclairée à la bougie et au gaz.

Ces détails et bien d’autres sont révélés au cours de la visite : la salle, la scène, les poulies et les cordages, et même la nappe d’eau dans les fondations, pour permettre une bonne acoustique lorsque tout était en bois.

Une chevauchée dans les sept étages du théâtre, pour permettre de comprendre le système des décors, avec poulies et poids, aujourd’hui entièrement mécanisé ou presque. Passage par le jardin d’hiver, aux allures de café théâtre, et par la salle du théâtre Mario Veigas. Des coulisses modernes qui  n’enlèvent  rien au charme au « petit » théâtre, très central dans le quartier chic et branché du Chiado.

Ne manquez pas d’admirer la façade est du théâtre São Luiz, avec son escalier de dentelle de fer forgé.

Visites des coulisses du Théâtre São Luiz, 1 fois par mois. Il faut réserver et venir retirer son billet 48h à l’avance.

Renseignements

Rua António Maria Cardoso, 38

1200-027 Lisboa

Telefone 213 257 650

info@teatrosaoluiz.pt

http://www.teatrosaoluiz.pt

 

[masterslider id= »26″]

Modalisboa collection hiver 2016

La mode a sa semaine à Lisbonne, comme dans les grandes capitales. Deux fois par an, pour l’hiver et pour l’été, on découvre les créations portugaises.

Mars 2016 est la 46e édition, et marque les 25 ans de la semaine de la Mode.

Comme pour tous les défilés de mode de la planète, seules les invitations donnent le droit d’assister  aux passerelles- passarela, en portugais pour ne pas confondre avec desfile, défilé…militaire !

Les deux semaines de Mode à Lisbonne sont très importantes pour l’activité et l’industrie créative de la capitale portugaise.

Les jeunes créateurs ont eu comme il se doit les honneurs du premier défilé, intitulé « Sangue Novo ».  Le styliste David Catalán s’est fait remarqué avec ses créations inspirées de la culture skinhead londonienne. Colorés et modernes, ses vêtements- tout à fait portables- représenteront le Portugal au Festival Fashion Clash aux Pays-Bas en Juillet prochain.

le look moderne de david catalán

Un modèle de David Catalán

Pendant trois jours débutants et consacrés, jeunes créateurs et confirmés vont montrer ce qui à leurs yeux est le meilleur du monde de la mode.

Pour tous les malchanceux qui ne disposeront pas du fameux sésame pour assister à un défilé, il est cependant possible de côtoyer  cet univers, en allant voir l’exposition  Gineceu Androceu, 20 photographies de personnalités portugaises qui ont acceptés de changer de genre en confiant le changement à11 stylistes. Les photographies sont de Telmo Pereira. L’idée n’est pas franchement neuve, mais la production est réussie. Les photographies seront vendues et 30 % de leur valeur reversés à l’association « Abraço » (lutte contre le sida).

Autre maniére de connaître la créativité portugaise, c’est de se rendre sur la place de la Mairie- praça do Municipio- á quelquesmétres du patio da Galé, ou est installé la vitrine du design : « Wonder Room ».

A noter l’association entre la styliste Alexandra Moura et les « mantas », les couvertures traditionnelles de laine de l’intérieur du Portugal. La créatrice de mode met au goût du jour la  couverture des bergers, interprétée de différentes manières selon les régions du pays.

Les couvertures sont tissées à la main à Maçainhas, Guarda.

Bijoux, chaussures, vêtements, gastronomie, accessoires complètent la vitrine de la Mode à Lisbonne.

du 11 au 13 mars 2013

Paços do Concelho  et  Pç. do Município, Lisboa

T. 21 323 6200 > 11-13 mars

Escola de Artes e ofícios de Maçainhas

271 211 750 / 966 783 803

site de modalisboa

site styliste alexandra moura

 

 

 

 

[masterslider id= »17″]

 

affiche de la fête de la francophonie

La fête de la francophonie est un évènement mondial qui se déroule en mars dans le monde entier.

Lisbonne n’échappe pas à la règle, avec une bien belle programmation, qui culminera le weekend du 19-20 mars au Jardim da Estrela (Estrela). Une fête avec des activités pour tous : ateliers, lectures, musique, expositions.

La musique sera confiée à l’artiste Bulgare Mira Zagorova, pour un récital de chant, ainsi qu’aux musiciens Bogdan Mihãilescu (guitare) et Anca Laroseviv (clavecin).

Le saxophoniste Abel zambujo et le chœur du Lycée Français compléteront l’ambiance.

On pourra goûter le thé marocain, et participez à des tombolas…

C’est aussi une programmation « éclatée », du nord au sud du Portugal, 16 villes se sont associées à l’évènement Difficile de tout passer enr evue, mais à ne pas manquer par exemple si vos pas vous mènent  à Coimbra, la nuit des Francovores, les 11 et 12 mars : une nuit blanche de cinéma, de gastronomie et de musique. Ça débutera le11 à 16h30 pour terminer par un petit-déjeuner à 8h du matin le 12.

Voir le film suisse « bouboule », écoutez le philosophe humoriste français Yves Cusset ou rencontrer l’écrivain canadien-haitien Danny Laferrière…même le jeu des 1000 euros de France inter viendra enregistrer deux programmes l’un à Porto, l’autre à Lisbonne.

Le programme complet se trouve sur le site de la Fête de la Francophonie.

Andorre, Belgique, Bulgarie, Canada, Egypte, France, Luxembourg, Maroc, Qatar, Roumanie, Suisse et Tunisie participent…sans compter un nombre important d’associations culturelles et linguistiques, d’entreprises et de bureaux diplomatiques.

http://www.fetedelafrancophonie.com

 

Çe génie et le talent couronné. Arc rua Augusta

L’arc de triomphe de la Rua Augusta (Baixa) est couronné. Et ce couronnement est français. On le doit au sculpteur Anatole Calmels, et cette sculpture se trouve au faîte de l’arc de triomphe de la rue Augusta. L’artiste français a intitulé son ensemble  « La gloire couronnant le génie et le talent ».

Ces dons sont ici magnifiés en hommage aux reconstructeurs de Lisbonne, après le terrible tremblement de terre du 1er Novembre 1755. En effet cet arc de triomphe sous lequel on passe lorsqu’on emprunte la rue Augusta (Baixa) pour se rendre sur la place Terreiro do Paço, ou place du Commerce, a été imaginé en 1759.

Lisbonne commençait à peine à se relever du séisme, suivi d’un tsunami et d’un terrible incendie. Il faut imaginer qu’après le drame tout ce qui se trouvait autour de l’Arc de triomphe avait été détruit. La Lisbonne magnifique qui existait jusqu’au début du XVIIIe siècle a disparu à tout jamais. Les ruines du Couvent des Carmes (Chiado) que l’on aperçoit depuis la terrasse de l’Arc de triomphe sont restées debout volontairement, pour que les hommes n’oublient jamais la colère de Dame nature.

Il faudra attendre plus d’un siècle pour que l’arc soit  achevé, et le couronnement en pierre déposé sur le toit de l’Arc de triomphe.

Symbole de la reconstruction, symbole du courage et de la ténacité…l’arc a été restauré et aménagé en 2013. On peut désormais monter jusqu’au pied de l’ensemble sculptural, et admirer une vue particulièrement originale de Lisbonne, à 360 degrés.

Depuis l’Arc de triomphe Le regard porte sur la colline du château, sur la place du commerce, le Tage et la rive sud, puis sur les collines du Chiado et du Bairro Alto.

Surprenant, le tapis de mosaïque des rues de la Baixa, dont on prend la mesure de la beauté.

Les détails abondent, le soleil miroite sur le Tage, ou tout aussi beau, le passage des nuages se reflétant dans le miroir d’eau qui s’étale à l’est de la place.

Pour visiter, on entre du côté de la Rue Augusta, à gauche lorsqu’on regarde le Tage. Un ascenseur facilite l’accès, mais il faut quand même grimper quelques marches : un tout petit effort pour une belle récompense.

 

Ouvert tous les jours, de 10h-à 20h (19h l’hiver, et 21h l’été).

Entrée: 2,50 €

Rua Augusta, Nº 2 1100-053 Lisboa

Tel:  +(351) 210 998 599

email: info@atlx.pt

http://www.askmelisboa.pt

 

[masterslider id= »24″]

villa romaine de são Cucufate

Les ruines romaines de São Cucufate en Alentejo doivent leur nom à un martyr de l’an 304 (en français il s’agit de Saint Cucufa ou Cougat : venu de Carthage il s’était réfugié en Espagne où il fut décapité). Bien oublié aujourd’hui, c’est son culte au moyen-âge qui a sans doute permis  le bon état de conservation des ruines luso-romaines du site. En effet, arcades, murs de soutainement, pavement, dédales et couloirs du monastère érigé au nom du Saint martyr s’arqueboutent sur les ruines de l’immense villa Romaine qui avait été érigée en ce lieu.

Les ruines laissent encore apparaître l’histoire mouvementée de São Cucufate. Construite au 1er siècle de notre ère, la première villa, c’est-à-dire le domaine agricole, a été démolie et reconstruite un siècle plus tard, avant de donner place à un palais rural de belles proportions au IVe siècle.

Après les temps troublés des guerres entre Chrétiens et Maures pour le contrôle de la péninsule Ibérique, la villa sera confiée à partir du XIIIe siècle aux moines d’abord Augustins puis Bénédictins. Ces puissantes  confrèries,  qui ont donné leur nom au village voisin, Vila de Frades ne partiront qu’au  XVIIIe siècle. Ce sera l’oubli pour São Cucufate … jusqu’aux découvertes archéologiques à partir de 1992.

Un plan en U, des arcs voutés  en façade, un premier étage résidentiel protégé par des arcades, une piscine, des thermes inachevés et des jardins en espaliers : la villa n’était que luxe et volupté. L’eau y était amenée par des séries de canaux dont on n’a pas encore découvert toutes les ramifications et l’extension. La ferme produisait surtout de l’huile d’olive et du vin.

Dans la région de Vila de Frades, on a d’ailleurs  conservé la tradition du vin en amphore (talha) exactement comme le faisait les ancêtres romains. Et des passionnés tentent de relancer la coutume pour ne pas laisser périr un patrimoine qui a survécu jusqu’à nos jours.

A São Cucufate, un plan est remis à l’entrée de la visite pour s’y retrouver dans l’enchevêtrement des constructions aux différentes époques. Mais la bonne conservation, l’originalité de l’édifice, le temple à une divinité inconnue qui accueille les visiteurs, les arcades encore debout ainsi que les celliers intégrés à l’église, où les contrepoids encore en place du pressoir confèrent toute sa magie au lieu. Cucufate est considérée comme l’une des plus grandes et majestueuses villas romaines du Portugal.

On aime

La bonne tenue du site, entretenu et surveillé. L’existence d’un parking attenant au bâtiment d’appui, et la fourniture d’explications.

On aime moins

L’absence de zones d’ombre pour se protéger du soleil durant la visite l’été, les températures peuvent grimper jusqu’à 40 degrés. Une signalétique d’accès encore balbutiante, mais heureusement la villa romaine se trouve à proximité du village de Vila de Frades.

Estrada de Vila Alva 7960 Vila de Frades

tél (351) 284441113
s.cucufate@cultura-alentejo.pt

fermé le lundi et le mardi matin

Le double 9 sert de salle de petit déjeuner à l'Hôte et se transforme en bar à cocktails le soir.ouvert jusqu'à 2h30

[masterslider id= »16″]

la luminosité de Lisbonne

Luz, la lumière,….la lumière  de Lisbonne est un mystère. Un mystère qui séduit et attire, intrigue et questionne sans que l’on puisse toujours expliquer ses sensations. On aime en parler, on s’extasie et commente : « tu sais c’était ce moment si particulier où Lisbonne ressemble à un bijou en argent que l’on vient de passer au Mirror ! ». Hochement de tête entendu et sourire immédiat : c’est l’effet « Luz de Lisboa », lumière de Lisbonne, et l’exposition qui porte ce nom tente de nous révéler les secrets de cette clarté capitale.

Luz de Lisboa est installée dans la tour ouest du bâtiment du Terreiro do Paço (Baixa). Il faut longer les arcades et s’approcher du Tage. Au premier étage de l’édifice, l’exposition se veut didactique et explicative : un enchainement d’expérimentations et de démonstrations scientifiques veulent nous faire comprendre ce qu’est la lumière. De faisceau lumineux aux jeux de couleurs et aux cartes météorologiques. Sans grande difficulté on approche tous les phénomènes qui, réunis, permettent à Lisbonne d’être parfois si brillante.

Des vents légers d’Atlantique ou la Nortada (vent du nord) pour chasser les nuages, le soleil généreux-  2786 h d’ensoleillement par an, presque le double de Paris- les matériaux utilisés dans la ville qui tout comme le Tage servent de réflecteurs….

La disposition des collines, qui forment une main mise en coquillage, tournée vers le miroir d’eau, l’estuaire du fleuve…

Puis l’exposition propose photographies, peintures, extraits de films et de poèmes d’artistes qui tous ont tenté de retransmettre ce qui les a fasciné. Jeux d’ombre, cascades de toits vifs où reflets inattendus.

A la fin la sensation est étrange : on a l’impression d’avoir tout compris et de posséder les éléments rationnels expliquant le fameux enchantement. Mais en sortant de l’expo, que ce soit en regardant du côté du château São Jorge ou du côté du Tage : une seule certitude, la magie est intacte. Et l’histoire d’amour avec Lisbonne peut reprendre là où on l’a laissée.

 

Torreão Poente (Tour Ouest) Terreiro do Paço

Entrée : 3€

Prolongée jusqu’au 27 mars 2016.
expo.aluzdelisboa@gmail.com
Tel: 914 273 871

museudelisboa@cm-lisboa.pt
Tel geral: 21 751 32 00

http://www.museudelisboa.pt

Al-usbuna devenue catholique

 

La plus ancienne muraille dont les vestiges sont encore visibles porte le nom de muraille vieille, ou bien de muraille maure (cerca moura). Lisbonne est un gros bourg, connu sous le nom de Olishbuna (calligraphié parfois Ulishbona), convoité par les peuplades nordiques, lorsque la civilisation arabo-berbère conduite par  Tariq ibn Ziyad s’empare d’une partie de l’Espagne, Al-Andalus. C’est un des fils de Tariq, Abdelaziz, qui s’empare de Lisbonne et en fait une cité Maure, c’est à dire arabo-berbère, et le restera plusieurs siècles. Sous l’impulsion des maures, peu à peu, Lisbonne s’agrandit,. On dit même qu’elle va avoir jusqu’à 100 000  habitants, une dimension exceptionnelle au bas moyen-âge. Les habitants adoptent mœurs, langues et religion des conquérants : la Al-Usbuna des Arabes vient de naitre et elle s’entoure d’une muraille pour protéger la population.

Cette muraille est encore visible dans Lisbonne, et partir à la recherche de ses vestiges est un bonheur. En suivant son tracé- il faut parfois beaucoup d’imagination– c’est remonter le temps, comprendre pourquoi la ville nous parait si méditerranéenne, de patios en escaliers, de fontaines en placettes, de passages en ruelles. Du château, lui aussi construit par les Maures sur l’emplacement probable d’une ancienne forteresse romaine, la muraille descend vers Alfama, jusqu’au Tage, et remonte ensuite derrière la Cathédrale pour aboutir à nouveau au château São Jorge.

La municipalité qui fait un réel effort pour valoriser le patrimoine historique de Al-Usbuna a créé un itinéraire spécial consacré à la Cerca velha. Le parcours est jalonné de totems, sur lesquels figurent le dessin de la muraille, et les explications en portugais et en anglais. Placés à des endroits judicieux, les totems permettent de lever les yeux, et de voir autrement des pans de murs qui seraient sans cela uniquement  de simples pans de murs.

Le trajet circulaire d’1,5km environ, qui suit la muraille, la perd et la retrouve, est jalonné de 16 totems, entre la Rua do Chão da Feira et la Rua do Milagre de Santo Antonio. Il ne faut pas en principe plus d’une heure pour boucler la boucle, mais on peut y consacrer facilement trois heures, en prenant le temps de musarder. L’un des temps forts du parcours se trouve à la Casa dos Bicos, actuelle fondation Saramago, qui comprend un morceau de la muraille romaine, un des rares endroits ou elle est conservée. Le tracé médiéval du parcours de la vielle muraille, la muraille des maures, a été conservé  jusqu’au début du XIVe siècle et la construction de la muraille Fernandine, pour ceindre une cité devenue beaucoup trop petite.

On aime

Le parcours passionnant qui permet de lever les yeux et de regarder la ville autrement. Les totems explicatifs. La durée raisonnable du circuit en boucle.

On aime moins

Les gravures trop légères sur des totems noirs rendant la lecture difficile. Les noms donnés aux totems ne correspondent pas toujours aux dénominations connues des habitants : mais se perdre un peu fait partie du plaisir.

 

[masterslider id= »2″]